Reflexion - Pv Shade l'Apprentie.

Le pouvoir... plus Shaé y pensait, plus elle se disait qu'elle n'était pas faîte pour ça. Elle n'avait pas le charisme d'un Seigneur, pas la présence d'un Chef, pas les capacités pour. Et si elle s'était bien adaptée à son poste de lieutenant, elle ne pensait pas pouvoir en faire autant le jour où elle succéderait à Cassandre de Jais. Si jamais cela arrivait un jour. Mais elle ne rêvait pas de puissance, elle n'était pas dévorée par l'ambition. Shaé essayait juste de vivre normalement, sans penser à ce qu'elle avait vécu, sans penser à sa famille. Et pourtant, ça n'était pas si simple... Elle repensait souvent à la rencontre avec ce mendiant qui lui avait parlé d'Aby, qui l'avait surnommé petite sœur... Aaren, puisque c'était son nom, lui avait dit que la haine qu'elle éprouvait envers Kuman ne lui apporterait rien, mais il ne pouvait pas comprendre. Shaé ne serait en paix avec elle-même que lorsque son cadavre se décomposerait à la vue de tous, sans qu'il soit enterré puisqu'il ne méritait pas. Il ne méritait rien, même pas son attention, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. C'était plus fort qu'elle : elle le détestait, depuis toujours et sans doute à jamais. Elle voulait que ce soit son poignard qui s'enfonce dans la gorge de cet individu abjecte. Et elle s'était étonnée de savoir que la Maison du Vent accueillait quand même ce meurtrier et puis elle avait compris en rencontrant son père : il avait perdu la mémoire et était devenu Seigneur. Ainsi gardait-il son frère près de lui, mais dans ce cas, pourquoi Aby ne demandait-elle pas à ce qu'il soit envoyé loin de ces terres, exilé, banni ? Elle n'arrivait pas à comprendre la réaction de sa sœur et elle ne pouvait rien faire. D'autant plus que ses responsabilités lui laissaient peu de temps libre.

L'aube venait à peine d'arriver et déjà, le Lieutenant de la Maison de l'Ombre s'apprêtait à partir. Cette fois, elle ne préférait pas la discrétion et se sella un cheval sur lequel elle grimpa avant de quitter le Camp. Si d'ordinaire, elle favorisait ses capacités à se camoufler, elle avait pour une fois choisit de se déplacer à cheval afin d'aller plus vite. Après quelques instants à marcher, Shaé demanda à sa monture d’accélérer et elle galopa pendant une poignée de minutes, se délectant de la sensation de liberté que cette chevauchée lui faisait ressentir. C'était une peu comme une bouffée d'oxygène dans ce monde qui l'étouffait... Décidant d'aller patrouiller du côté de la Maison du Vent, elle mit quelques temps à arriver à la limite des territoires de l'Ombre. Son regard se perdit de l'autre côté de la frontière, là où elle était née. Elle ne regrettait nullement son choix de rejoindre la Maison qu'elle servait depuis des années avec loyautés, elle s'en rendait compte à chaque fois un peu plus. Elle était à sa place ici, ils avaient tous mis de côté ses origines et finalement, elle avait été accepté, et ceux malgré la guerre ou du moins, la non-entente entre la Maison du Vent et de l'Ombre. Mais maintenant que William des Cendres était parti, remplacé par Cassandre de Jais, elle voyait mal son père perpétuer cette haine tout comme le nouveau Seigneur de l'Ombre ne semblait pas animé par les mêmes sentiments que l'avait été William. Shaé regrettait son départ, elle avait juré de servir l'Ombre et son Seigneur. Et depuis des années il avait été l'homme qui avait dirigé cette Maison. Elle n'avait pas d'avis spécial sur Cassandre, mais ce changement de meneur demeurait étrange aux yeux de la jeune femme. Pourquoi avait-il disparu si soudainement ? Personne n'était en mesure de le dire et la montée au pouvoir de la dame de Jais n'enchantait pas tout le monde, à commencé par son ancien apprenti, Aleksandre de Lierre.

Une fois arrivée non loin de la frontière elle descendit de son cheval et s'assura qu'il ne puisse pas partir sans elle. Malgré tout, une fois proche de la frontière ennemie, elle préférait que sa présence demeure difficile à déceler. Shaé rejoignit donc à pieds le lieu séparant le Vent de l'Ombre. Elle marcha dans la terre et la poussière, aussi silencieuse qu'un rêve. Le froid s'était abattu sur le fief de Cerfblanc et bientôt, l'hiver apporterait son manteau de neige et tout serait recouvert de blanc. Les températures n'étaient pas extrême même s'il commençait à faire froid. Shaé demeura dissimulée jusqu'à ce qu'une silhouette s'approche. Elle ne l'avait pas croisée souvent aussi, si le visage de l'inconnue lui disait quelque chose, elle mit du temps à remettre la main dessus. Sortant de sa cachette, elle l'observa s'approcher sans dire un mot.